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 204 - Le Marteau de saint-Eloi - Jean BROUTIN, 1982, 156 pages, 60 F
Nominé au Prix Georges Bernanos, 1983

Roman historique - Templiers - Catharisme
L'an 1230, Baudouin de Haverskerque, jeune baron des Flandres, à la fois mystique et fougueux, est admis dans les rangs du Très Saint Ordre du Temple. L'enseignement initiatique qu'il y reçoit et les préceptes que lui inculqua naguère l'ascétique frère François, un étrange prêtre originaire du Midi, le déterminèrent à entreprendre une "Queste" personnelle, à la recherche de la Transmutation, plus encore de son être que de la vile matière gisant dans l'Athanor.

C'est sous l'éclatant soleil du Cabardès, en Occitanie cathare, que lui apparaîtra en sa brutale réalité l'effroyable drame d'un peuple en lutte pour la sauvegarde de son sol, de sa vie, et celle de ses idées.
Parmi les "hérétiques", dans l'intimité d'un "revêtu", d'un "Bon Homme", Baudouin s'éveillera, d'un oeil sans doute, à une autre compréhension des choses ; mais alors, quelle vision de la profondeur de son être, quelle tragique révélation de l'impuissance et de la fragilité de l'Homme s'imposeront à lui ?!
Percera-t-il le symbolisme du Toucher du Marteau de saint Eloi auquel il assista lorsqu'il était enfant, et celui de l'étendard bausséant du Temple ?
Comment combattront en lui les forces acharnées du Bien et du Mal ?
Quelle sera l'issue de ce combat ?
Les souvenirs de Beaudouin de Haverskerque sauront nous le dévoiler.

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Sommaire

I    L'enfance  ...................................  9
II   L'adolescence  ............................... 21
III  Le Marteau de saint Eloi  .................... 25
IV   A l'ordre du Temple  ......................... 31
V    L'enseignement  .............................. 43
VI   Evénements en Languedoc ...................... 55
VII  Première approche des hérétiques  ............ 66
VIII Braïda  ...................................... 71
IX   Un duel meurtrier  ........................... 81
X    La Foi des Bonshommes  ....................... 91
XI   "Socius" d'un revêtu  ....................... 105
XII  Guet-apens  ................................. 118
XIII Que le marteau de saint Eloi t'ouvre le crâne 131
XIV  Le bilan d'une vie  ......................... 145
     Bibliographie ............................... 157




















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Le Marteau de saint Eloi

... L'office terminé, je fus assez surpris de voir le menu peuple sortir précipitamment pour se placer en demi-cercle devant le portail, les yeux braqués sur le célébrant qui se tenait, dans ses superbes habits sacerdotaux, presqu'adossé au trumeau. Il avait dans la main droite, un marteau brillant.
Un à un chevaliers, vavasseurs, palfreniers, métayers, fendirent la foule, tenant par la dextre leur cheval richement arnaché. Et je vis ce geste surprenant du prêtre qui portait un léger coup de marteau au front de l'animal et présentait ensuite l'outil à son maître qui, à genoux, le baisait avec respect. Le peuple priait avec ferveur.
La cérémonie nous tint une bonne heure, tant les chevaux arrivaient nombreux. Le seigneur de Wavrin se tenait au devant de la foule, droit, les bras croisés, et le sourire aux lèvres, fier de ses bêtes et de ses hommes vêtus d'azur.
Avant de se retirer, l'officiant présenta à tous le marteau et dit: :
- "Voyez le marteau sacré qui recèle le médius de saint Eloi. Apprenez l'humilité.
Saint Eloi était un fèvre habile passé maître dans son art. Un jour, Notre Seigneur Jésus-Christ lui apparut sous les traits d'un enfant et se vanta de ferrer mieux que lui, à quoi, amusé, Eloi répondit :
- "Petit, me serait fort aise de te voir oeuvrer !
Notre Seigneur prit alors, dans ses petites mains la jambe du cheval qui attendait son tour près de la forge et, d'un coup de couteau, la lui coupa au jarret sans que l'animal ne bronchât. Il lui assujettit ensuite le fer, commodément et à sa convenance, et remit le membre en place. Et ce que vous avez vu vient d'être fait en souvenir de ce prodige."

Naturellement, sur le chemin du retour, je posai à mon maître une foule de questions.
- "Comment, dis-je, peut-on croire Notre Seigneur capable de telle futilité ? Ferrer un cheval de cette façon est certes un singulier prodige, mais ne m'avez-vous point appris que les miracles répondent toujours aux graves préoccupations des hommes et que, par la forte impression qu'ils produisent sur eux, ils servent à les remettre sur la Voie ?"
Frère François fit attendre sa réponse. Ses yeux ne quittaient pas le dos de Thibaut qui ouvrait toujours la marche, mais je voyais que son regard allait plus loin, au-delà du Sergent d'Armes, au-delà sans doute du chemin détrempé, pour fouiller un monde autre, meilleur sans doute, car un mystérieux sourire planait sur ces lèvres gercées.
- "Mon fils, dit-il enfin, ce que tu as vu n'était que sottises. Quand saint Eloi évangélisa la région, les populations baignaient dans un mysticisme profond, élaboré déjà depuis des siècles, et qui leur venait sans doute de leurs encêtres les Celtes. De nombreuses légendes à fondement religieux couraient le pays. Eloi et ses disciples n'osèrent les combattre de front dans la crainte de perdre leur audience, aussi eurent-il l'idée de conter le prodige de Jésus-Christ maréchal-ferrant qui est, je te le concède, bien peu édifiant et inutile en soi.
En fait, la pratique du toucher du marteau vient du fond des âges. Il faut y voir un rite liturgique dédié à Taranis, le Dieu-Tonnant des Celtes, qui était toujours représenté un maillet à la main, et qui s'appelait Jupiter chez les Romains, Zeus chez les Grecs, Thor chez les Germains et les Scandinaves.
Les Bretons vénèrent aujourd'hui encore ce dieu puissant (sous couvert du christianisme, bien entendu), et dans quelques régions sauvages du Duché de Bretagne, il est de pratique courante que de faire le simulacre de frapper la tête des moribonds avec un marteau de façon à leur ouvrir symboliquement le crâne pour permettre à l'âme de s'échapper aisément.
De même ce rite, pratiqué sur les chevaux, rappelle une des croyances fondamentales des Celtes qui est la transmigration dans des véhicules de chair, humaine ou animale.
- "Mais, Maître, m'étonnai-je, voulez-vous dire qu'un animal peut être doté d'une âme ?.."
Son regard, cette fois se posa sur le mien :
- "Te souvient-il d'un chien nommé Caro ?" murmura-t-il.
...

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Evénements en Languedoc

...La petite armée, décuplée par un apport de brigands de tous accabits, assiège Béziers en juillet 1209. Le Comte de Toulouse, contre toute attente, est dans leurs rangs. En effet, à la suite de l'assassinat de Castelnau dont on l'accuse plus ou moins ouvertement, et sachant que les biens d'un croisé sont inviolables, il n'a point trouvé mieux, pour soustraire son comté aux agissements des feudataires de France, que de se croiser pour quarante jours, comme c'est la coutume. Bien entendu, il évitera soigneusement de se mêler aux combats et regagnera ses pénates à la forclusion de son engagement.
Précisément, Béziers qu'il doit "prendre" est la possession de son neveu, l'admirable Raymond Roger Trencavel, un jeune homme d'une vingtaine d'années, beau comme un Dieu grec, l'idole vivante de sa vicomté. Trencavel ne craint pas les croisés. Il a confiance en ses hommes et en ses murs ; en outre, ses greniers sont gorgés de victuailles et ses caves remplies de vin.
La place pourrait tenir indéfiniment.
C'est ainsi que, parfaitement serein, il refusera avec superbe l'ultimatum du Commandant de l'Armée Croisée, l'abbé de Cîteaux, Arnault Amalric : pas question de livrer les hérétiques, plutôt voir Béziers s'abîmer dans la mer.
Il n'est jamais bon d'être trop sûr de soi. Les citoyens bitterois l'apprirent à leurs dépens. Alors que Raymond Roger, confiant, quittait la ville pour quérir quelque renfort à Carcassonne proche, une manoeuvre insensée des assiégés permit l'entrée en masse des croisés dans les murs.
Au petit matin, 15 à 20.000 personnes gisaient égorgées dans la ville... Et de sa belle plume, l'abbé de Cîteaux, fort satisfait, pouvait écrire au pape, parmi les enfants et les femmes éventrés :
- "Les nôtres, n'épargnant ni le rang ni le sexe, ni l'âge, ont fait périr par l'épée environ 20.000 personnes et, après un énorme massacre des ennemis, toute la cité a été pillée et brûlée. La vengeance divine a fait merveille..."
Le cauchemar commençait.
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Le bilan d'une vie

...Le mercredi 16 mars 1244, plus de deux cents hommes et femmes montent sur le gigantesque bûcher. Parmi eux, bien entendu l'évêque d'En Marti, successeur de Guilhabert de Castres, Corba, dame de Montségur, sa mère Marquesia de Lantar et sa fille Esclarmonde. Des soldats qui peuvent se retirer avec armes et bagages sans être inquiétés choisissent le feu : Raymond de Belvis, Brasillac de Callavello, et Guilhem de l'Isle et Bernard de Sancto Martino qui tous deux furent à Avignonet...
C'était au lendemain de l'équinoxe de Printemps. Le soleil était entré en Bélier. Souvent, alors, disent les adeptes, l'Oeuvre s'accomplit... Le jour même Innocent IV lève la sentence d'excommunication de Raymond VII fulminée par frère Ferrier de Carcassonne, ce chien qui guigna en vain ma peau..
J'étais à Roquefère, chez Raymond Gayraud, lorsque parvint dans le Cabardès la nouvelle du désastre. Personne n'en fut surpris. Le nombre seul des victimes nous étonna car nous ne pensions pas que l'enceinte de Montségur pouvait contenir encore, après le terrible siège, une communauté aussi nombreuse.
Les gens, ameutés par leur curé vociférant, soudain gagné par la folie, sortirent dans la rue et se massèrent sur la place.
La bave aux lèvres, le prêtre ramassa une grosse pierre, cracha dessus et la lança contre le portail de son église. Beaucoup l'imitèrent. Au comble de la surexcitation, nous le vîmes arracher sa bure avec une brutalité inouïe, la fouler aux pieds et s'en aller, nu, vers le couchant. Gayraud capitulait ainsi. Je ne le revis jamais...





















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Franck MARIE, banquovni@aol.com - Services et réalisation de projets
Mise à jour 21/08/1997 - Copyright Franck MARIE, Banque Ovni 1997. Tous droits réservés.